California

Ensemble de photographies réalisées lors d’une résidence de 3 mois à Lucas Program, Montalvo Arts Center, Saratoga, California 2013. Différentes séries d’images : une série réalisée dans l’atelier mêlant autoportrait seule et accompagnée de personnes rencontrées lors de la résidence. Des éléments végétaux, minéraux, dessins… sont ajoutés dans l’espace de la photographie. Une série « Naked Lady » faite dans le paysage de Californie et également avec des personnes bénévoles. Une escapade dans les grands espaces des Parcs Nationaux, avec les arbres, les roches, les cactus géants… Puis « Figures fantômes, Dreams », photo-montage, avec Claudia, Alexander, Steve et Sue au Lodge Los Gatos, Tiffany et le cow-boy, dans la forêt de Saratoga, Mary, au Montalvo Art Center, Saratoga, fleurs de Naked Lady, USA, 2013.

Saisir l’espace à bras le corps

Opérer un dénudement. Le corps ôte peu à peu les couches qui le recouvrent. Il retrouve sa peau, surface sensible dotée d’une infinité de capteurs ; c’est notre ligne littorale, lieu de liaison du corps au monde, assurée par la dilatation de chacun des pores. Le corps peut alors prêter l’oreille à tout ce qui l’entoure. L’écoute se précise dans cet état de nudité qui le confronte à un exercice tout à fait étranger. Il bouscule ses réflexes, et l’invite à un sentir différent, un sentir neuf. Attentif, le corps d’abord se poste là, droit. Parfois en biais, parfois de profil. Il s’annonce ainsi comme corps dans l’espace. Il prend place. Il strie le monde. Il cherche, piétine. Il doit d’abord s’annoncer comme corps. Et bientôt, il cherche à s’unir avec le monde, à communiquer, à s’accorder. Il métamorphose un état de vulnérabilité en une puissance d’éprouver tout ce qui l’environne. Il cherche une posture. Clic, Clic. L’image est capturée. L’image fige en un point cette recherche du corps avec le monde. Posté devant
l’appareil, il cherche à sa manière à habiter l’espace mis à disposition. Il expérimente grandeur nature ; et comme on tire délicatement un drap pour s’en envelopper, le corps essaye à même sa peau, la peau du paysage. Il faut appliquer ce tissu à chacune des parties du corps. Déshabiller le corps, pour se vêtir du monde. On s’en habille, on se couvre de ce voile, mais il faut du temps pour l’ajuster, le rapiécer jusqu’à ce que la pose convienne, jusqu’à ce que cela nous siée à merveille. Marie Viguier  extrait, in California, Édition Villa Saint-Clair, Sète 2017,

California with Trees, photo, Yosemite National Park, Ancient Bristlecone Pine Forest, Joshua Tree National Park, Big Basin Redwoods State Park, Séquoia National Park, USA, 2013.

Autoportraits réalisés dans l’atelier, récolte de matériaux divers lors de balades dans le paysage, peintures, dessins, présence d’Alexandre à Nantes sur l’ordinateur via skype, USA, 2013.

Autoportraits réalisés dans l’atelier, matériaux récoltés lors de balades dans le paysage, peintures et dessins, avec des bénévoles rencontrés sur place, présence de Claire/Steph à Toulouse sur l’ordinateur via skype, USA, 2013.

Naked lady

Naked lady, fleur fragile et émouvante dont la tige nue s’achève par une grappe de grelots de fleurs violettes ou roses, ouvre la série. Photographiant des personnes nues dans la nature, l’artiste propose différents registres dans le regard qu’elle porte sur ces corps dans l’espace. Elle joue ici des correspondances entre les images, les matières et les cadres, telle l’attitude de cet homme debout dans la forêt, arqué, qui répond au mouvement fragile de la tige de la Naked lady, ou encore ces roches gigantesques, tout droit sorties de l’imaginaire du western américain, qui évoquent les plis impressionnants de la peau de cet homme au corps étrange. C’est baignée dans cette lumière si particulière du Grand Ouest américain que la photographe est venue rencontrer ces personnes, et nourrie de ces espaces immenses, de ces forêts, et des ciels impressionnants, elle travaille ici l’image à la façon presque d’un peintre, organisant les aplats de couleurs comme on construit l’espace. Elle donne à sentir le temps, son usure, celle du monde et des corps. L’image devient poétique et les résonances qu’entretiennent les photographies entre elles, évoquent la beauté et la fragilité du monde et de ces corps sous le regard de l’artiste. Cécile Viguier, septembre 2013

Figures fantômes, Dreams, photo-montage, avec Claudia, Alexander, Steve et Sue au Lodge Los Gatos, Tiffany et le cow-boy, dans la forêt de Saratoga, Mary, au Montalvo Art Center, Saratoga, fleurs de Naked Lady, USA, 2013.