Empreintes

Chez Céleste

Avec toi

Le collier de perle

Dégrafer l'espace

Figures sonores et nus féminin

Son nombre est rose

La deuxième soupe

Mesures

Trajectoires

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Passages

Paysages#1

L'atelier#1

L'un de l'autre

Autour, dedans, avant

En avant

I fell awkward

Rejouissons-nous

Porosité

Pour 15 corps nus

On ne se connait pas

Chaque fois que l'on se lève...

Patrick et Chantal

Propos

L'Abécédaire

Chansons pour le désir

Propos, sur le rire, sur l’orgasme, sur la masturbation, sur la mort

Extraits transcrits de la vidéo Propos, sur le rire, sur l’orgasme, sur la masturbation, sur la mort, Sète, 2000 – 2002

Cette vidéo fait partie d’une série de quatre. Le corps des modèles n’est pas à l’image. Seule est visible la couleur que chacun a choisie pour dire sa masturbation, son orgasme, son rire, sa mort. L’ensemble de ces monochromes se succèdent à l’image, succession que rythme la bande sonore où défilent les voix des modèles interrogés. Chacune des vidéos est, soit diffusée sur un moniteur, posé à hauteur de sexe, en face duquel sont installés deux chaises et deux casques, soit installée sur un moniteur posé au sol, accompagné d’un ensemble de coussins, soit vidéoprojetée. 

Extrait de la bande sonore de la vidéo Propos, sur la masturbation, 13’50’’ DVcam, couleur, sonore, Sète, 2000.

« Tout le monde passe par la masturbation… quand on est jeune… c’est le tout début de la sexualité … 14, 15 ans… par hasard… ha, non… ha, non, ça marcherait plus… non… je vois pas du tout à quoi ça correspond chez la femme… Ça permet de découvrir son corps, mais bon, à la limite, c’est mieux de faire ça à deux… »

« Je trouve ça assez intéressant… mais un petit peu ambigüe, en même temps… pratique… c’est pratique dans son bain, c’est pratique partout, enfin, on a besoin de personne… et c’est tout aussi agréable… »

« C’est un palliatif. C’est sur que ça remplace pas l’amour, faire l’amour…mais… l’imaginaire peut combler un peu… c’est quelque chose que j’ai découvert vachement jeune en fait, tu vois quand j’avais peut être dix ans, un truc comme ça, mais par jeu… des jeux dans les foins, des odeurs, des odeurs fortes, on se roulaient dans les foins, on se balançaient à des branches et puis la découverte du corps quand tu croises les jambes et que tout à coup tu as une sensation… »

Extraits de la vidéo Propos, sur l’orgasme, 12’47“, DVcam, couleur, sonore, Sète, 2002.

« On se sent planer, enfin, oui franchement, on est en dehors… tu vois… y a plus que ça qui compte.ça pourrait crouler autour, hein c’est vrai, le monde pourrait crouler pendant l’orgasme, on est… hein ! »

« C’est vrai.Moi, j’sais pas comment j’peux t’dire ça.Un orgasme réussi, c’est formidable, quoi ! L’orgasme n’est pas automatique, dans les rapports, mais vraiment, quand on a l’orgasme en même temps, c’est formidable…”

« Le véritable orgasme ça me fait exactement l’effet d’une symphonie d’orgues, avec des vitraux brillants, allumés, extraordinaires, tu vois c’est…le moment de l’orgasme, c’est un éblouissement, une explosion de choses belles, disons : ça ne se produit pas toutes les fois.Le plaisir, je crois, plus que l’amour. »

« Un orgasme utopique, vers lequel on va et vers lequel on essaie de mener beaucoup d’efforts pour au moins en atteindre des parties ou essayer de l’approcher le plus près possible.J’aime beaucoup le plaisir donc c’est vrai que, à partir de là, l’orgasme, je le trouve un peu partout, comme un peu des moments de séduction où y se passe quelque chose, des micros situations qui sont la plupart du temps très éphémères, mais qui structurent un peu comme ça… non, c’est pas que physique là, c’est vrai que c’est plus intellectuel… une vie orgasmique… oui… oui, c’est un beau projet de vie… »

Extraits de la vidéo Propos, sur le rire, 13’06“, DVcam, couleur, sonore, Sète, 2002.

« C’est un moment de solitude, c’est vraiment un moment égoïste, un éclat de rire c’est quelque chose qui nous appartient et… y a le rire communicatif, mais c’est vraiment quelque chose de très personnel… y a les bons rieurs, y a les gens difficiles à faire rire.C’est assez transparent, ça reflète bien une personnalité, un rire.J’pense que c’est le piment, c’est le sel dans la salade, la vinaigrette, c’est quelque chose en plus… c’est pas une étiquette qu’on met pour cacher un ennui ou parer à un quotidien, c’est quelque chose qui s’ajoute. C’est un bonus, le rire… »

« Je pense qu’y faut qu’y soit naturel, que ça sorte vraiment du fond du coeur.ça peut pas s’inventer le rire de toute façon…parce que maintenant, rire aux éclats c’est très rare…les petits moments de rire, y faut les prendre vite, vite, au passage… »

« Pour moi c’est vraiment le critère de la vérité.Si j’entreprend quelque chose et si je ne sens pas le rire pointer au fond de mon coeur, de mon larynx, de mon ventre et de ma bouche, j’me dis, c’est pas un bon projet.Le rire c’est le critère total… »

Extraits de la vidéo Propos, sur la mort, 14’14“, dvcam, couleur, sonore, Sète, 2002.

« J’ai rencontré beaucoup de gens qui évitaient ça, des gens qui avaient peur du mort, du corps mort… j’ai très souvent été présente et pour moi c’était très important de pas louper ce moment là… j’voulais pas le fuir… j’voulais être à côté des gens qui partaient… des gens qui avaient des drôles de réactions, qui voulaient pas voir que la personne était morte par exemple… pour moi, c’est un moment qui est évidement très grave et en même temps qui est plein de… en fait je me suis souvent retrouvée en face de gens à qui je disais : vous avez le droit de partir, vous avez le droit, vous avez assez souffert ; les gens qui sont autour de vous peuvent vivre tout seul, ils sont assez adulte pour se débrouiller…il y a encore des adieux qui ont pas été fait et tant qu’ils n’ont pas été fait, les gens tiennent, ils attendent, ils attendent… »

« Quand c’est trop mauvais je m’en vais, quand c’est trop laid je m’en vais, quand je suis trop faible je m’en vais, quand je suis trop malade je m’en vais, quand je deviens moche je m’en vais, quand y a plus de possibilité je m’en vais et je m’en vais, c’est : je choisis. Donc, je choisis quoi ? La meilleure des solutions, c’est la table que j’ai vu dans un film merveilleux et qui a exactement la forme de la cage thoracique ; il suffit de s’agenouiller devant cette table et de se rabattre violemment dans ce moule de la cage thoracique avec une pointe qui est exactement dans le bon angle pour faire éclater le coeur, paf ! »

« Te parler de la mort, alors ça serait te parler de la vie, te parler de ce qui nous côtoie : le drame, la joie, les difficultés… pour le moment, j’essaie d’vivre et de faire en sorte de ne pas vivre trop de temps mort… »

Propos – exposition collective « Frapper avant d’entrer », Montpellier 2003. Installation 4 vidéos, casques et coussins.

L’oralité

« Pour aborder la question de la parole par un autre biais, je collecte des points de vues sur des sujets précis sous la forme d’interview depuis 2000. Les propos sont exclusivement sonores cette fois-ci, il s’agit de personnes donnant un avis spontané sur une question d’ordre privé. Cette succession d’interviews de différentes durées, d’hommes et de femmes mélangés, de tous âges, constituent la bande sonore d’une vidéo de la série propos titre provisoire. À l’image sont fabriqués des monochromes de couleur plein écran. La couleur est donnée par la personne qu’on entend, elle correspond à ce que renvoie le sujet traité. » Enna Chaton

La couleur

« En relation au son le monochrome de couleur joue un rôle particulier dans les vidéos Quelque chose à soi à quelqu’un d’autre et dans la série propos titre provisoire. Le corps du spectateur est plongé tout entier dans la couleur. Celle-ci vient comme une pause entre les images, elle crée un espace supplémentaire à celui du film qui s’ajoute à l’espace de projection. La couleur produit une sensation physique et mentale intense, un double jeu de perception. La couleur donne de la distance en même temps qu’elle nous plaque irrémédiablement avec et dans et contre l’image. Notre relation à l’espace de projection, au son et au hors champ des images prend soudain une importance différente, elle s’affine, s’accroît ; elle touche notre corps, autrement. » Enna Chaton

Propos, installation vidéo et casque, Carré St Anne Montpellier.