Le collier de perles

Ce désir nous emporte au delà de la création d’un film. Le projet n’est plus d’une seule nature, il est multiple : des vidéos, des photographies, des dessins, du son et des paroles. Un univers toujours en marche dans lequel nous ne sommes pas que des spectateurs ou des voyeurs, nous sommes à l’intérieur, physiquement, sexuellement et moralement impliqués. Nous visitons des lieux de plaisirs. Comment vivons-nous ces lieux spécifiques ? A travers l’individu, on rencontre des pratiques sensuelles, des espaces sensoriels et des corps sexuels.

« À l’intérieur » est la cohabitation de fragments de vie socialement invisibles : un homme âgé mène une double vie, il rencontre sa maîtresse dans une forêt, un master SM manipule « ses jouets pour les grands » à la demande d’un soumis, une aquarelle représentant un gang-bang sur une plage est censurée par un site internet de rencontre, les messages de rendez-vous fantasmés, un adolescent solitaire nu face caméra, une drague et un amour naissant entre deux jeunes travesties, un mannequin pose pour des photos érotiques, la tendresse de deux hommes, un corps recouvert de pétales de cire rouge, une jeune femme parle de ses relations sexuelles sans protection, des propos lumineux sur une séance de masturbation aux orgasmes multiples…

À l’intérieur, Le Collier de perle, film HD 720p ou DVD-vidéo Pal, 69’, dessin, son, image et montage en collaboration avec Stéphane/Claire Despax, son : Struggle cruising de Nomad Wizard (sample), En présence de Lucy, Charlotte, Joce, Bertrand, Stella, l’homme du sous-bois, Enna, Virginie, Jean-Michel & Ludovic, Fred, Alexandre, Olivier, Nicolas, Jean-Luc, Marie, Stéphane, Julien, Disco ball, Marion, Pierre, Thierry, Paul, Alain, Sugar Kane, Chantal, résidence Bandit-mages, invitation de Jean-Pascal Vial, Cap d’Agde 2010, Toulouse 2010, Bourges 2011-2012, film réalisé en 2012.

https://vimeo.com/38498308 ( extrait ). Consultation du film sur demande auprès d’Enna Chaton.

Le collier de perles, séquence 1 – L’addict club à quelques kilomètres de Bourges.

Le collier de perles, séquence 2 – Bertrand et Alexandre, Bandits Mages, Bourges.

Le collier de perles, séquence 3 – Sugar Kane, Bandits Mages, Bourges.

Le collier de perles, séquence 4 – Pierre, Sète.

au son un texte écrit par Nicolas Mouton Bareil Octobre 2011

Un ou deux doigts suffisent. Trois, pourquoi pas. Afin que je jouisse. Le bien être violent.

Toi, tu es juste là, avec tes dix doigts. C’est peut-être ça le problème.

Tes dix doigts mous ou morts, emportés par le reste de ton corps, du lit à la table, de la table au lit. Parfois jusqu’aux toilettes.

Je m’ouvre souvent. Grâce à moi, à mes doigts, à ma tête surtout. Cette ouverture, tu n’y es pour rien. La jouissance, c’est quand je suis seule. A deux, ce n’est jamais arrivé. La jouissance, c’est quand je suis seule. Toi aussi, probablement. Restes-tu étalé ainsi quand je suis absente ? Sans doute que non. Sans doute que tu te… ramasses, te concentres et te durcis en quelque sorte.

Sans doute. Peut-être. Mon Clément et ses poses de statues antiques molles.

Moi, je sors tandis que tu restes-là, étalé dans ta nudité. Je prends la voiture pour parcourir les cinq bornes qui nous séparent de la plage naturiste. Tu es infichu de m’y accompagner. Tu es impudique, ici. Sur la plage, tu ne le pourrais pas. Tu garderais une main sur ton sexe, de façon débile. Là-bas, tu sais que nu te ne pourrais pas les toiser comme tu me toises ici, à l’intérieur. Surtout ne prends pas de risque, Clément.

Tu pourrais me faire jouir car tu n’es pas une poupée. Je ne veux pas l’être non plus. Épilée, idolâtrée. Peut-être que tu es une poupée.

La jouissance, c’est quand je suis seule. Toi aussi, peut-être. Inimaginable que tu ne te masturbes jamais. Ne semble pas possible. Si au moins tu te faisais jouir avec moi en tête. Ou une autre. Mais je crains le pire. Tu te masturbes avec personne à l’intérieur. Ou alors avec une image de toi. Un toi fantasmé. Clément, tu jouis seul, ce n’est pas normal. Seul avec tes meubles.

Te forcer. Avec moi, t’obliger a jouir.

Je serai heureuse si au moins je te dégoutais.

Un ou deux doigts suffisent. Trois, pourquoi pas. Afin que je jouisse. Le bien être violent.

Un homme ça ne s’ouvre pas pour jouir. Un homme ça se tend. Ça s’expulse. Tout l’inverse de toi. Si jamais tu te masturbes, si jamais tu jouis, c’est seulement pour t’endormir.