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L’âne musicien

Essaye encore tu vas y arriver! École des Beaux Arts de Montpellier novembre décembre 2012

Commissaire Patrick Perry

L’Âne musicien propose, en trois volets, des réflexions, sans morale, sur les notions d’apprentissage, de compétence acquise ou partagée, et sur les questions de l’enseignement et de la transmission. Ce volet présente une série d’œuvres évoquant la question des modèles; ceux que l’on recopie, que l’on réinterprète, dont on transmet la mémoire.

L’Âne musicien fait référence à une fable de Phèdre relayé ensuite par Boèce et Abélard. Cette fable évoque un âne essayant de caresser de ses sabots une lyre abandonnée mais conscient de son incapacité en jouer. Cette image, reprise bien des fois en sculpture au cours des siècles dans l’Ouest et le Centre de la France, évoque l’ignorance, celle de l’homme charnel qui, par paresse spirituelle, ne veut et ne peut comprendre l’Esprit et les messages divins.
Si l’on doit reconnaître à l’âne en question une certaine modestie, tout au moins la pleine conscience de sa condition, ce qui est véritablement en jeu dans les représentations de ce type est bien l’exigence faite au chrétien de maîtriser ses comportements et de suivre avec humilité le chemin qui le mènera vers le salut.

Cette fable manifeste également toute la méfiance de la culture occidentale envers les artistes, ceux qui ne sauraient se contenter d’un monde qu’il faudrait accepter en l’état. L’âne, modeste, ne peut que renoncer à enchanter nos oreilles, le cadeau biblique de Caïn — fruit de son travail créatif sur la terre — fût implicitement méprisé. Il en était autrement de celui de son frère Abel, suffisamment sage pour (seulement) garder le troupeau qu’on lui avait confié.
Si la formule d’Abélard — « le lecteur qui tient un livre et n’en comprend pas le sens est comme un âne devant une lyre» — pourrait encourager certains à voir l’exposition comme une métaphore des rapports soi-disant distendus entre l’art d’aujourd’hui et le public, notre propos n’est, par ailleurs, pas une illustration renouvelée de la fable mais plutôt un prétexte à mettre en perspective les notions d’apprentissage et de transmission.

Ce volet de l’exposition Essaye encore tu vas y arriver! présente une série d’œuvres évoquant la question des modèles; ceux que l’on recopie, que l’on réinterprète, dont on transmet la mémoire.

Ainsi Matthew Antezzo reprend-t-il et dessine-t-il des pages de revues d’art des années 1970 montrant des images de performance, Filip Francis recopie-t-il quelques tableaux célèbres dans son champ de vision périphérique (ici, le Tu m’ de Marcel Duchamp, 1918), Taroop et Glabel s’essaient-ils à se souvenir d’un Baiser de Picasso, en vain…

D’autres œuvres questionnent davantage l’interprétation des modèles: la vidéo de John Baldessari présente sept couples rejouant les mêmes dix séquences de films hollywoodiens… On redouble donc, on repique.

Trois puissance X – 1999 – diaporama de 3 images répétées en boucle – Collection Frac Occitanie Montpellier.